Retrouvez l’interview dans LaCroix : « Assemblée nationale, la Parole aux Femmes ».
Muriel Ressiguier, 41 ans (LFI, Hérault)
Muriel Ressiguier, 41 ans (LFI, Hérault). / Assemblée nationale
« Il paraît que la consommation d’alcool à la buvette a baissé… » Voilà ce que répond Muriel Ressiguier, 40 ans, quand on lui demande ce que la féminisation de l’Assemblée nationale a changé. Plus sérieusement, cette députée LFI élue en juin 2017 juge que les relations avec les députés jeunes sont très naturelles, les affrontements comme les combats communs. Mais « certains anciens semblent encore douter qu’on ait un cerveau, estime cette élue de l’Hérault. Il y a des députés, le plus souvent de droite, qui attendent d’une femme qu’elle soit douce et consensuelle, qu’elle ne prenne la parole que pour aller vers la synthèse. »
Alors, quand Muriel Ressiguier donne de la voix dans l’hémicycle pour défendre un amendement ou s’insurger contre un projet de loi du gouvernement, leurs réactions sont vives : « ils crient comme des animaux, pour en quelque sorte remettre la femelle à sa place. » Selon Muriel Ressiguier, ce n’est pas d’abord une question d’étiquette ou d’opinion. Elle se souvient d’une députée LR qui intervenait dans un hémicycle très bruyant. « Je me suis levée pour crier à mes collègues :”Mais écoutez-la !” ». Car il existe entre femmes députées une solidarité transpartisane. « En commission par exemple, on ne se coupe pas la parole. Et il n’est pas rare que nous échangions un mot de soutien après une intervention, même lorsque nous ne sommes pas d’accord. »
Par ailleurs, son intérêt pour les sujets économiques étonne : « C’est curieux que vous interveniez sur autant de choses », lui a dit un journaliste. « Comme si une femme devait se cantonner à la santé ou l’alimentation… » Dernièrement, une proche lui a fait remarquer que les femmes députées étaient souvent appelées par leur prénom, contrairement aux hommes. « La psychanalyse doit pouvoir nous aider à trouver une explication… »